
Le projet de loi simplification ZFE supprimé par vote de la commission (Avril 2025)
Les députés de la commission chargés d’étudier le projet de loi « simplification » ont voté la suppression des ZFE (zones à faibles émissions). Le vote par scrutin public s’est soldé par 26 voix pour, 11 contre et 9 abstentions. », indique Libération. Le texte doit encore être débattu.
Cette suppression des ZFE intervient alors que plusieurs villes appliquaient déjà les règles de ces zones à faibles émissions de façon avancée, comme Paris, Grenoble ou Lyon.
Malgré les efforts du ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation François Rebsamen, celui-ci a regretté cette décision en rappelant que la pollution de l’air avait une incidence sur la santé des Français. Cette suppression de la loi de simplification au sujet des ZFE n’est pas définitive. En effet, le Gouvernement préfère finalement << la mise en œuvre d’un dispositif pragmatique et progressif, en tenant compte des contraintes locales et garantissant des alternatives abordables », a-t-il indiqué. ( sources Actu transport )
ZFE : De la promesse écologique à la remise en question – Ce que doivent savoir les professionnels de la route
Depuis plusieurs années, les Zones à Faibles Émissions (ZFE) occupaient une place importante dans les discussions autour de la transition écologique et de la qualité de l’air en France. Pour les professionnels de la route, ces zones représentaient à la fois un défi logistique, un enjeu économique et une contrainte réglementaire. Pourtant, en ce début 2025, le projet des ZFE connaît un tournant majeur : leur suppression vient d’être votée. Que s’est-il passé entre l’idée de départ et cette décision inattendue ? Faisons le point.
Le projet ZFE : une réponse à l’urgence environnementale
Les Zones à Faibles Émissions, ou ZFE, sont nées d’une volonté politique de réduire la pollution de l’air dans les grandes agglomérations. Inspirées de modèles existants en Europe, notamment en Allemagne et en Italie, elles ont été introduites en France à partir de 2015, avec une généralisation progressive encouragée par la loi d’orientation des mobilités (LOM) en 2019, puis renforcée par la loi Climat et Résilience de 2021.
Le principe était simple : limiter l’accès à certaines zones urbaines aux véhicules les plus polluants, identifiés grâce au système de vignettes Crit’Air. L’objectif affiché était double : protéger la santé publique en réduisant les particules fines et inciter à un renouvellement accéléré du parc automobile vers des véhicules moins polluants ou électriques.
Pour les transporteurs, cela signifiait une adaptation coûteuse : renouvellement anticipé des flottes, achat de véhicules électriques ou GNV, changements de trajets, complexification des livraisons urbaines, sans oublier le flou autour des calendriers d’application selon les métropoles.
Une mise en place contrastée sur le territoire
Dès 2022, plusieurs métropoles ont mis en œuvre leur ZFE : Paris, Lyon, Grenoble, Toulouse, Marseille… À terme, 43 agglomérations françaises devaient y passer. Cependant, la mise en œuvre n’a jamais été uniforme. Certaines villes ont appliqué des restrictions strictes très tôt, d’autres ont retardé ou modulé leur calendrier.
Les professionnels du transport ont été les premiers à pointer les difficultés : manque d’infrastructures de recharge, surcoût des véhicules « propres », faible autonomie, complexité réglementaire selon les zones, exemptions peu claires… Dans de nombreuses régions, notamment les zones périurbaines et rurales, les transporteurs se sont retrouvés pris en étau entre la pression économique et des exigences difficilement tenables.
De plus, de nombreuses voix ont souligné un manque d’accompagnement financier de la part de l’État. Les aides à la conversion ou au renouvellement étaient jugées insuffisantes face aux investissements nécessaires.
Suppression des ZFE : Une opposition grandissante sur le terrain
À mesure que la date de généralisation des ZFE approchait, les critiques se sont multipliées. Au-delà du secteur du transport, de nombreux élus locaux ont alerté sur le risque d’exclusion sociale et économique. Pour beaucoup, les ZFE risquaient de pénaliser les classes populaires, les artisans, les petites entreprises, et plus globalement tous ceux qui n’avaient pas les moyens de changer de véhicule.
Le contexte social, déjà tendu par l’inflation et la hausse du prix des carburants, a renforcé l’opposition. Plusieurs manifestations ont eu lieu dans les grandes villes, et les médias ont relayé de nombreux témoignages de professionnels et de particuliers pris au piège de cette réglementation.
Face à la montée de la contestation, plusieurs métropoles ont commencé à suspendre ou alléger leurs calendriers. Le gouvernement a alors commandé plusieurs rapports d’évaluation, et des discussions ont été engagées au Parlement.
Avril 2025 : vers la suppression des ZFE
Début avril 2025, un vote décisif a été adopté à l’Assemblée nationale : la suppression des ZFE dans leur forme actuelle. Cette décision marque un tournant majeur dans la politique environnementale française. Officiellement, le gouvernement a reconnu que les ZFE, bien qu’animées par de bonnes intentions, n’étaient pas adaptées au terrain dans leur mise en œuvre actuelle.
Le texte voté prévoit :
- La fin des ZFE obligatoires dans les métropoles de plus de 150 000 habitants.
- Un nouveau cadre volontaire pour les villes souhaitant conserver un système local de régulation.
- Un dispositif national unifié à l’étude, visant à inciter plutôt qu’à contraindre, avec des aides renforcées à la transition pour les entreprises du transport.
Pour les transporteurs, c’est un soulagement partiel. Si la contrainte immédiate disparaît, le débat écologique reste bien présent. Les clients, notamment dans la grande distribution ou la logistique urbaine, exigent toujours plus de solutions de livraison décarbonée. De plus, les normes européennes continueront à influencer le secteur.
Et maintenant ? Ce que doivent anticiper les professionnels de la route
Même si les ZFE disparaissent sous leur forme légale, la pression écologique ne va pas disparaître. Plusieurs éléments doivent être gardés en tête :
- Les exigences clients vont croissantes : livraisons propres, engagement RSE, bilan carbone… Les transporteurs doivent intégrer la transition dans leur stratégie.
- Le coût énergétique (carburant, électricité, GNV) reste une variable clé. Investir dans des flottes plus économes ou hybrides peut rester rentable sur le long terme.
- Des ZFE locales pourraient subsister à titre volontaire. Renseignez-vous sur les intentions de vos villes d’activité.
- De nouvelles aides pourraient être mises en place dans le cadre d’un plan de transition moins brutal mais plus incitatif. À surveiller de près.
Conclusion
Les ZFE, projet emblématique de la transition écologique, viennent de connaître un virage radical avec leur suppression votée début 2025. Si cette décision apporte un répit aux professionnels du transport routier, elle ne marque pas la fin des enjeux environnementaux dans le secteur. Le défi reste entier : adapter les flottes, améliorer l’empreinte carbone, tout en restant compétitif dans un contexte économique tendu.
La fin des ZFE n’est pas une fin de course, mais plutôt l’occasion de repenser la transition écologique avec les transporteurs, et non contre eux. Car qui mieux que les professionnels de la route pour inventer la logistique de demain ?